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Cyril Cineux « Le transport gratuit rentabilise l’argent public »

22h21 - 14 octobre 2018 - par Info Clermont Métropole
Cyril Cineux  « Le transport gratuit rentabilise l’argent public »
Pour cet élu communiste, l’urgence écologique nécessite de prendre de « grandes décisions ». La gratuité en serait une… © Emmanuel THEROND - © CONF_CINEUX

[caption id="attachment_224540" align="aligncenter" width="774"] Pour cet élu communiste, l’urgence écologique nécessite de prendre de « grandes décisions ». La gratuité en serait une… © Emmanuel THEROND[/caption] L’adjoint aux transports et à la circulation de Clermont-Ferrand milite de longue date pour la gratuité des transports en commun. Convaincu qu’il s’agit de la bonne solution pour transformer la ville et la rendre plus respirable. Pourra-t-on un jour se déplacer gratuitement à Clermont ? C’est déjà le cas : nous avons le bus de nuit gratuit (BEN, NDLR) et la première demi-heure et l’abonnement de C.Vélo. Je prends ces deux exemples pour montrer que le débat avance, que des réalisations ont été faites. Maintenant, est-ce que cela va se développer ? C’est évidemment mon souhait. Je suis convaincu que c’est une mesure qui peut permettre de lutter contre la pollution sonore et environnementale, d’augmenter considérablement la fréquentation des transports collectifs, d’ouvrir un véritable « droit à la ville » et potentiellement, de la transformer plus facilement. Tous ces constats ont été partagés à Dunkerque par des intervenants français et européens lors des premières rencontres du transport gratuit. Une étude a été lancée par la métropole… Oui. Elle va nous permettre de regarder les conséquences qu’aurait un passage à la gratuité totale ou partielle. Les résultats sont attendus au cours du premier trimestre 2019. Des propositions d’expérimentation seront débattues. C.Vélo et BEN fonctionnent très bien. Cela vous conforte dans l’idée qu’il faut aller encore plus loin ? Oui. Et ce succès devrait amener tous ceux qui sont attachés au développement du transport collectif à s’interroger. La gratuité est un élément dynamisant. Je ne prétends pas qu’elle est la solution à tout, mais je prétends qu’elle développe de manière extrêmement importante l’utilisation. On le voit avec C.Vélo. On avait 1.000 abonnés avant la gratuité. Il y a quelques jours, nous sommes passés à plus de 6.000 ! Et le nombre de courses augmente : en dix jours, le record a été battu trois fois. BEN, c’est pareil : il est quasiment plein tous les soirs. Ces exemples sont bien la preuve que la gratuité a un effet de développement extrêmement important. Qu’en est-il du report modal ? Toutes les villes qui ont mis en place la gratuité ont constaté un vrai report modal de la voiture au transport en commun. A Dunkerque, les gens sont devenus utilisateurs parce que c’était gratuit, parce que c’était simple. En réalité, le transport gratuit se transforme en espace public. Comme sur une place de centre-ville, on y vient parce que c’est ouvert à tout le monde, parce qu’on y croise tout le monde, parce que c’est un élément commun. En cas de hausse de fréquentation, la qualité de service pourrait se dégrader… D’où cette étude avec des propositions d’expérimentation. Je retiens un élément extrêmement important qu’a dit un chercheur : à Dunkerque, ils ont bien fait les choses, car ils ont d’abord expérimenté le week-end. Cela leur a permis de préparer le passage à la gratuité totale trois ans plus tard. Il est donc nécessaire de procéder par étapes. Evidemment, si on passait à la gratuité du jour au lendemain, il faudrait investir en plus pour absorber cette hausse de fréquentation. Mais finalement, c’est un problème sain : la question, c’est bien de permettre au plus grand nombre de prendre les transports en commun. Si nous sommes confrontés à cette hausse, c’est donc un bon problème ! Cela signifie que nos politiques fonctionnent. L’objectif c’est bien de diminuer le trafic automobile, parce qu’il créé de la pollution, parce qu’il engorge l’espace public. La ville n’est pas un parking ! On dit que la gratuité déresponsabilise l’usager, donc fait augmenter les incivilités… C’est faux. Je tiens à l’affirmer fortement. A Dunkerque, experts, techniciens, élus ; tous ont dit qu’il était scandaleux de porter une telle appréciation, qui n’est vérifiée par aucun chiffre. Au contraire, la gratuité des transports fait baisser les incivilités. A Aubagne, qui est plutôt à droite, ils ont constaté un effondrement du vandalisme. A Dunkerque, sur les week-ends gratuits, c’est 90 % d’incivilités en moins. Il y a une sorte de contrôle social positif : plus il y a de monde sur le réseau, plus les incivilités sont difficiles à commettre… La collectivité aurait-elle les moyens de financer les nécessaires adaptations du réseau ? Ce sont des choix politiques. Toutes les politiques publiques coûtent de l’argent. J’en ai marre qu’on me dise que la gratuité va coûter. Oui, elle va coûter ! Mais c’est pareil pour la construction d’un grand stade, pour le développement économique, pour la rénovation des installations sportives, pour le réseau d’eau… A quoi bon changer puisque la gratuité est payante ? La gratuité, c’est d’abord l’absence de titre de transport. Aujourd’hui, on fait des trottoirs. Où prend-on son ticket pour marcher sur un trottoir ? On fait des voiries, des pistes cyclables. Où prend-on un ticket ? Le seul endroit où on en prend un, c’est les transports en commun, qui en prime ne bénéficient pas qu’à l’usager, mais à l’intégralité de la communauté, car ils diminuent le trafic automobile. Pour moi, le transport gratuit rentabilise l’argent public, car avec un euro investi, on transporte plus de monde, donc on gagne en efficacité.

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