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Anthony Courtalhac « L’avenir de l’Europe ne se fera qu’avec les citoyens et pour les citoyens »

15h19 - 04 mars 2019 - par Info Clermont Métropole
Anthony Courtalhac « L’avenir de l’Europe ne se fera qu’avec les citoyens et pour les citoyens »
- © ACTU_COURTALHAC

[caption id="attachment_226469" align="aligncenter" width="640"] L’association veut montrer que la construction européenne ne se limite pas aux seules institutions © E. Thérond.[/caption]

Il est le président des Jeunes Européens d’Auvergne, une association regroupant des 16 à 35 ans désireux d’informer, de débattre et de faire avancer le projet européen.

Quelles sont les racines de votre engagement sur les questions européennes ?

Mon engament a commencé au sein d’un parti politique [le PS, NDLR], qui avait fondé localement son antenne européenne. Nous organisions chaque année des journées pour parler de l’Europe. Nous le faisions pendant Europavox. C’est à ce moment là que j’ai découvert les Jeunes Européens, qui est une association transpartisane. Nous sommes actuellement une trentaine, essentiellement des étudiants. A cause des études, il y a beaucoup de mouvement. Mais des adhérents sont très actifs !

Quel est le but de l’association ?

L’objectif, c’est vraiment de se battre pour l’Europe, certes, mais surtout pour une meilleure Europe. Nous ne sommes pas le Parlement européen, ni les représentants de la Commission européenne… Nous ne sommes pas eurobéats mais eurocritiques dans le bon sens du terme. Nous voulons la construction européenne. Mais nous voulons qu’elle soit plus démocratique, plus citoyenne, plus écologique et plus sociale.

Quelles sont vos activités ?

Parmi nos activités, il y a des débats ou des interventions dans les écoles. Par exemple, nous avons organisé dernièrement une simulation de Parlement européen avec trente lycéens à Moulins. Nous avons aussi lancé une revue, « Le Taurillon Auvergnat ». Chaque année ou presque, nous organisons également un voyage au sein des institutions européennes afin de faire œuvre de pédagogie auprès des adhérents.

Dans votre histoire personnelle, qu’est-ce qui vous a fait aimer l’Europe ?

Je regardais pas mal Arte. Certes, cette chaîne est une initiative franco-allemande, mais dans une optique européenne. L’engagement politique m’a fait sauter le pas, aborder cette question un peu plus concrètement. J’ai aussi rencontré des personnes qui partaient en Erasmus… Je fais également partie de cette génération qui a pu voir tomber les frontières, par exemple quand on partait en vacances en Espagne. C’est une chance. Je citerais aussi l’euro. Je suis né en 1990. Quand j’étais petit, j’allais acheter en francs ! Pour ma génération, qui n’a jamais connu la guerre, l’Europe de la Paix ne veut pas dire grand-chose. Mais cet idéal est très important en ces périodes troubles où les peuples ont tendance à se recroqueviller sur eux-mêmes.

Le volet économique n’a-t-il pas pris trop le dessus dans la construction européenne ?

Malheureusement, si. Comme disait Jean Monnet, « créateur » de l’Europe, « nous ne coalisons pas des Etats, nous unissons des hommes. » Le manque d’Europe démocratique ou sociale n’aide pas. Profitant d’un dumping social et fiscal entre Etats, des entreprises délocalisent dans d’autres pays de l’Union, si bien que certains peuvent avoir l’impression de se faire « voler » leur emploi. C’est le fameux « plombier polonais. » Or, perdre son emploi à cause d’un autre européen est un problème. Nous sommes censés vivre et nous développer ensemble. L’avenir de l’Europe ne se fera qu’avec les citoyens et pour les citoyens.

Actuellement, vous avez l’impression qu’elle se fait sans les citoyens ?

Globalement, non. Mais elle ne se fait pas uniquement avec eux. Un truc tout bête : il y a quelques mois, des opérateurs téléphoniques ont expliqué à grand renfort de communication que grâce à eux nous n’allions plus payer de frais pour téléphoner en Europe. Le problème, c’est qu’ils n’avaient pas le choix. C’était une directive européenne qui les obligeait à supprimer le roaming. Si l’Europe avait bien communiqué, tout le monde saurait que c’est grâce à elle.

L’Europe communique mal sur ce qu’elle fait ?

Oui.  A un moment donné, elle ne communiquait même pas du tout ! Or, il faut prendre du temps pour expliquer les compétences de l’Union européenne, tout ce qu’elle a apporté, mais aussi pouvoir la critiquer… Par exemple, qui sait que la France est la première bénéficiaire des fonds Erasmus ? Nous militons sur le fait qu’il faut parler d’Europe. En bien ou en mal, peu importe, mais il faut en parler. Nous voulons inciter les citoyens à aller voter. Non pas pour un parti. Mais simplement pour aller voter… Il faut qu’ils prennent conscience que par leur vote ils choisissent dans quel sens l’Europe va aller.

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