[caption id="attachment_226471" align="aligncenter" width="640"] « Nous risquons un vrai drame économique et des changements d’habitude de consommation », estime Claude Barbin au sujet du mouvement des Gilets Jaunes (photo d’Archives – Serge Bullo – CCI)[/caption]
Claude Barbin, président de la CCI Puy-de-Dôme Clermont Auvergne Métropole revient sur la manifestation des « Gilets Jaunes » à Clermont-Ferrand le 23 février et sur l’impact du mouvement sur l’économie locale.
I - Comment analysez-vous la manifestation régionale des Gilets Jaunes qui s’est déroulée à Clermont le 23 février, et les dégradations sur les commerces qui ont suivi ?B. - En fait, nous avons vécu cela en trois temps, qui ont été particulièrement stressants. Le premier temps a débuté deux semaines avant la date avec une vraie collaboration de la Préfecture, de la Métropole, de la Ville de Clermont, de la Chambre de commerce et des associations de commerçants. Si nous n’avions pas anticipé, les dégâts auraient été largement supérieurs. Ce temps 1 a été absolument fondamental. La conclusion de la manifestation nous a donnés raison. La deuxième phase a été la manifestation elle-même. La coordination entre le PC Sécurité installé à la Préfecture et le « PC économique » installé à la CCI a permis d’instaurer un dialogue permanent entre les deux entités pour relayer des informations immédiates ; nous étions bien sûr en contact avec les commerçants qui ont été le plus touché. Ce qui est inquiétant, c’est de se dire que cela pourrait recommencer. A un moment donné, on se demande si l’Etat ne doit pas interdire une manifestation qui n’est pas déclarée. Il n’y a pas de déclaration et surtout pas de parcours annoncé. Tout cela met à mal le commerce de centre-ville et de périphérie. Nous allons vers un vrai drame économique. C’est une réalité.
I – Sur quoi vous appuyez-vous pour poser ce diagnostic ?B. – J’ai à la fois le retour de CCI France au plan national, le compte-rendu de Philippe Guérand, président de la CCI Auvergne-Rhône-Alpes, et celui du président des chambres de commerces métropolitaines. Tous font le constat que nous sommes en train d’assister à une vraie inquiétude, de connaître une vraie baisse de chiffre d’affaires et que nous allons nous retrouver avec des entreprises en voie de déposer le bilan.
I – Quel est le temps numéro 3 alors ?B. – Il a commencé la semaine dernière. Que peut-on faire d’un point de vue territorial ? A la demande d’Olivier Bianchi, je propose que l’on construise avec les associations de commerçants un vrai « plan Marshall du commerce ». Il faut que l’on mette en place en 2019 sur notre territoire un ensemble de mesures permettant de relancer le business. Je prends en compte bien sûr les aides mises en place par Laurent Wauquiez au niveau de la Région comme les prêts à taux zéro ou les aides pour la destruction des vitrines. Mais ce ne sera pas suffisant. Il faut aussi que les acteurs locaux, dont nous faisons partie en tant que chambre, fassent des propositions aux maires de notre territoire. La semaine dernière, la présidente de la commission commerce de la CCI, Marie-Claire Dufour, et le vice-président commerce de la chambre, Stanislas Renié, ont organisé des réunions. Nous travaillons donc sur ce plan qui consiste à proposer une ouverture lors de dimanches fériés supplémentaires, lesquels viendraient s’accoler à des rendez-vous comme les fêtes des mères ou des pères, des nocturnes. Tout cela pour faire revenir en centre-ville nos concitoyens. Autre élément fondamental, il faut aussi faire des campagnes de promotion du commerce de centre-ville portées par la CCI, la Métropole et la Ville de Clermont-Ferrand. Ces propositions vont être faites au président de la Métropole, au maire de la ville (Olivier Bianchi NDLR), ainsi qu’au maire des différentes villes du Puy-de-Dôme pour qu’ils nous accompagnent. Si nous ne le faisons pas, nous risquons un vrai drame économique et des changements d’habitude de consommation.
I – Avez-vous pu mesurer l’impact de ce mouvement sur l’économie locale ?B. – Oui, en prenant simplement les mois de novembre et décembre, nous avons perdu 450 millions d’euros de chiffre d’affaires rien que sur le Puy-de-Dôme. Je note que sur notre territoire, les manifestants ont le respect de l’outil de travail, ce qui n’a pas été le cas le 23 février où des éléments extérieurs étaient présents. Il y avait des casseurs professionnels. A un moment donné, et je porte les paroles de mon président de région, « manifester est un droit constitutionnel que nous respectons totalement, en revanche, empêcher les autres de travailler et de circuler, est un délit ! ». Ces paroles sont partagées par les commerçants. Les sondages le montrent bien, nos concitoyens commencent à comprendre qu’il faut que nous trouvions une solution et que l’Etat de droit reprenne sa place. La mission de notre chambre est de servir l’économie de notre territoire. En nous fédérant, nous avons réussi avec le Département et Jean-Yves Gouttebel, à obtenir le classement Unesco de la Chaine des Puys, à faire venir le congrès national des experts-comptables et ses 6.000 représentants. Nos vins ont reçu au Salon de l’agriculture des médailles d’or et d’argent. On est en train de lancer des vins « volcaniques » et l’on se bat pour recevoir le congrès national du centre des jeunes dirigeants ; tout cela crée de l’attractivité et je rends grâce à nos concitoyens qui se battent pour faire briller notre territoire. Cette attractivité nous en avons besoin aussi bien pour nos grandes entreprises que pour nos PME (petites et moyennes entreprises) et TPE (très petites entreprises). En ce moment, le cercle vertueux est renversé par ce mouvement et ce n’est pas bon.
0 commentaires