Yvan Bernard « Nous voulons élargir la zone d’appellation »
Installé à Montpeyroux, ce vigneron préside le syndicat AOC Côtes d’Auvergne, chargé de la défense de l’appellation.
Quel est la part de bio dans le Côtes d’Auvergne ?
Je dirais entre 15 et 20 %. Cela représente une quarantaine d’hectares.
Avez-vous pour objectif d’aller plus loin ?
Je suis producteur bio. A titre personnel, je ne peux qu’engager les viticulteurs à suivre cette démarche. Mais d’une manière générale, ils réfléchissent à leurs pratiques. Une lame de fond s’est mise en place. Je ne pense pas qu’elle change. C’est une vraie démarche qui s’est enclenchée. Mais tout le monde ne va pas à la même vitesse, certains se posent beaucoup de questions… C’est aussi la raison pour laquelle nous aimerions avoir un technicien performant dans la région pour finir d’encourager ceux qui hésitent. Un appui technique pourrait les aider à franchir le pas.
Quels autres défis doit relever le vignoble ?
Le défi numéro un, c’est un défi d’existence. Nous sommes un tout petit vignoble. En ce moment, nous sommes un peu coincés, car beaucoup de communes refont leur PLU (Plan Local d’Urbanisme, NDLR) L’enjeu, c’est de pouvoir préserver les zones viticoles. L’autre défi, c’est le renouvellement des générations. Beaucoup de vignerons vont avoir entre 55 et 65 ans. Ils n’ont pas forcément de reprise familiale derrière. Nous devons donc être performants dans notre promotion pour donner envie à des personnes extérieures à la région, qui ne sont pas forcément du milieu viticole, de venir s’installer chez nous. Contrairement à d’autres régions, nous avons la chance d’avoir des prix encore abordables à l’installation. Or, plus on communique, mieux on vend, et mieux nous donnons envie à certains de venir investir chez nous.
A une époque, le Côtes d’Auvergne avait mauvaise presse, notamment auprès des Auvergnats. Est-ce que l’image s’améliore ?
Oui. J’en ai marre qu’on puisse encore le penser. Nos vins sont reconnus. Les professionnels en sont amoureux ; ils les aiment, ils les vendent… Personnellement, je ne fais plus d’effort pour me justifier. Aujourd’hui, la vente est essentiellement locale et régionale, même si certains vendent au-delà. Le tourisme y est pour beaucoup. Nous avons aussi la chance d’avoir une métropole de 320.000 habitants à portée de main.
Les restaurateurs jouent-ils le jeu ou faut-il encore développer ce créneau ?
On peut toujours développer. Les restaurateurs vendent du Côtes d’Auvergne. Mais ils doivent aussi accepter que nous sommes beaucoup de petits producteurs. Nos cuvées ne sont pas extensibles. Elles ne sont pas toujours disponibles toute l’année. Travailler avec nous, c’est accepter de travailler avec des artisans qui n’ont pas de produits standards, et qui ne l’ont pas toute l’année… Mais à partir du moment où le restaurateur ou le sommelier fait l’effort de vendre le produit et de le mettre en avant, les clients comprennent parfaitement. Globalement, rares sont les restaurants qui ne proposent pas un seul vin d’Auvergne.
L’AOP se limite au gamay ou à l’assemblage pinot / gamay. Ce cahier des charges a-t-il vocation à évoluer ?
C’est compliqué. Une AOC représente une certaine typicité de vins. Derrière, il doit y avoir des choses homogènes. Aujourd’hui, redemander le pinot pur alors que les surfaces ne sont pas très développées ne serait pas forcément très cohérent. Notre volonté, c’est plutôt d’élargir la zone d’appellation. Six communes (Montpeyroux, Vassel, Egliseneuve-près-Billom, Flat, Orbeil et Chadeleuf, NDLR) ont des projets viticoles. Nous avons donc demandé leur classement, car elles se situent en proximité de zones existantes. Cela nous semble plus intéressant de travailler là-dessus. Si demain nous voulons revoir l’encépagement, il faudra d’abord effectuer un gros travail de fond dans le vignoble pour voir si c’est pertinent ou pas.
A Clermont-Ferrand, on affiche une volonté de préserver la vigne. Est-ce que ce projet avance ?
C’est la Ville de Clermont qui est maître d’œuvre de ce projet. Un appel à candidatures a été effectué. On espère que des vignerons postuleront. Sur ce dossier, il existe 35 ans d’effets d’annonces. Quand je verrai des vignes, je serai content ! La commune de Cournon d’Auvergne vient de planter quatre hectares... Quand une commune annonce qu’elle veut relancer la viticulture sur son secteur, on signe évidemment des deux mains.
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