Guillaume Cizeron : « nous avons décidé de changer de programme »
Avec Gabriella Papadakis, sa partenaire sur la glace, le patineur clermontois a commencé sa préparation en vue des Jeux Olympiques d'Hiver, qui doivent se dérouler à Pékin dans un peu plus d'un an. Le Puydômois, qui vit à Montréal, s'est confié à Infos Clermont.
I. - Que retenez-vous de 2020 d'un point de vue sportif, une année très difficile pour de nombreuses disciplines ?
G. C. - Je la qualifierais de différente. Sportivement, il ne s'est pas passé grand-chose pour nous. Nous avons connu beaucoup d'incertitudes. Nous n'avons pas pu nous entraîner pendant trois mois lors du premier confinement. Depuis, nous avons repris, une chance. Mais bon, nous avons pris le parti de nous concentrer sur l'année prochaine et les jeux olympiques. Depuis le début de l'année 2021, nous subissons un confinement presque total au Canada mais cette situation ne nous gène pas trop pour l'entraînement. Même si nous n'avons pas accès à certaines salles de danse. En revanche, c'est plus difficile pour les déplacements ou les stages.
I. - Tous les galas de danse sur glace ont été annulés aussi, on imagine que pour vous, au-delà de l'aspect sportif, c'est aussi une perte financière, n'est-ce pas ?
G. C. - Aucun gala, aucune compétition. Et effectivement, ce fut une année blanche d'un point de vue financier. Pas de revenus en 2020. Une année compliquée donc...
I. - Comment se présente l'année 2021 ?
G. C. - Avec le confinement, c'est un peu insupportable en ce début d'année. Heureusement, pour l'entraînement, nous ne sommes pas obligés de porter des masques sur la glace. C'est plutôt bien. Mais nous respectons les mesures de sécurité.
I. - Avec vos entraîneurs, avez-vous déjà arrêté un programme de compétition pour cette année ?
G. C. - Non, nous n'avons pas encore fixé de dates précises*. Tout le monde est un peu dans la difficulté, notamment les organisateurs d'évènements. On vise les premières compétitions au mois de septembre. Généralement, nous faisons trois compétitions en France de septembre à décembre. J'espère qu'elles pourront avoir lieu. On en saura plus d'ici l'été.
I. - Avez-vous choisi votre programme pour les Jeux Olympiques. À la fin de l'année 2019, vous travailliez sur « Find me » ?
G. C. - Nous avons décidé de changer de programme. Pour l'instant, nous sommes toujours dans une phase de recherche. Nous explorons plusieurs options et l'on essaye différentes choses. Le programme sera en tout cas différent de Find me. Rien n'est arrêté pour le programme long. En ce qui concerne le programme court, le thème sera le hip-hop.
I. - Avec Gabriella, comment allez-vous articuler votre préparation au cours des prochains mois ?
G. C. - Nous allons alterner le travail sur la glace, le travail de préparation physique et la danse que l'on fait en ligne. Nous sommes également en train de voir si l'on peut travailler avec des chorégraphes, même si pour l'instant, tout cela est compliqué en raison de problèmes de logistique et de déplacements. Pour l'heure, cela reste encore du travail basique et j'espère que nous pourrons rentrer bientôt dans la création des nouveaux programmes.
I. - À un peu plus d'un an des J.O. d'Hiver, on imagine que vous êtes totalement tournés vers l'objectif ?
G. C. - Oui. Complètement.
I. - Vous êtes déjà médaillés d'argent, est-ce que la pression se fait déjà sentir ?
G. C. - Les Jeux me paraissent déjà très proches. La pression, elle est là en permanence. Nous sommes habitués. Elle nous sert à aller à l'entraînement. Si chacun a ses propres démons, nous avons l'expérience pour nous. Finalement, le plus dur, c'est de ne pas avoir de certitudes quant aux prochains mois. Heureusement, nous ne faisons pas les Jeux d'été. Mais pour les athlètes qui doivent y participer, cela me semble assez catastrophique. Pour l'instant, nous sommes encore épargnés. J'espère que d'ici 2022, tout ira bien.
I. - Sans compétition, n'est-ce pas trop dur de ne pas pouvoir s'étalonner par rapport à la concurrence ?
G. C. - Non. On ne s'en occupe pas vraiment. Nous connaissons tout le monde. Nous n'avons plus grand-chose à prouver. On sait de quoi l'on est capable.
I. - D'un point de vue personnel, en 2020, par le biais d'un article paru dans l'Équipe, vous avez fait votre coming-out. Avec le recul, comment analysez-vous cela ?
G. C. - Ce n'était pas véritablement un coming-out. Il s'agit d'un terme que je n'aime pas beaucoup. Mais c'était en tout cas la première fois que l'on me demandait de m'exprimer sur ces questions personnelles. Cela ne devrait pas faire la Une des journaux. Chacun peut vivre sa sexualité et en parler à qui il veut. Personnellement, j'ai souffert de cela étant jeune. En parlant publiquement, je pense que je donne une voix à toutes les personnes qui ont vécu la même chose que moi, ou qui sont en train de la vivre. Les gens ne réalisent pas la difficulté que cette situation peut engendrer. Souvent, de petites choses rendent la vie des autres difficile. Peu de gens s'expriment publiquement sur le sujet, notamment dans le sport. Cela reste encore tabou. Je pense qu'il est important pour les jeunes d'avoir des exemples de personnes qui sont sportives, réussissent dans leur discipline et parlent de leur homosexualité ou de leur genre sans honte, sans tabou et sans gêne.
* : C'est par le biais d'un communiqué de presse émanant de la Fédération française des sports de glace que Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont annoncé qu'ils renonçaient à disputer les Mondiaux 2021, qui sont pour l'instant programmés à Stockholm du 22 au 28 mars.
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