Philippe Lageat : « AC/DC n'annoncera jamais sa fin »
Rédacteur en chef du mensuel Rock Hard et coauteur du livre « Book in Black » qui vient de sortir, Philippe Lageat nous parle du retour sur scène de ce groupe mythique qui résiste à tous les orages.
Vous l'aviez annoncé avant tout le monde : AC/DC est de retour !
Oui, nous avons par notre expérience une connaissance des personnes qui travaillent sur les concerts. C'était devenu un secret de polichinelle mais le concert programmé à l'Hippodrome de Longchamp le 13 août a été très difficile à monter car il a lieu entre les Jeux olympiques et les Jeux paralympiques. Il a fallu obtenir les autorisations nécessaires pour Gérard Drouot Productions et cela n'a pas été sans mal. Cela a failli capoter, on est passé tout près de ne pas avoir de date en France. D'autres stades en province ont été approchés comme Lyon ou Marseille mais cela a été des refus.
Vous aviez apprécié leur dernier concert dans le désert américain. Comment s'annonce cette tournée avec des absents dans le groupe ?
Il devrait y avoir 80 000 personnes à Longchamp. J'y ai vu les Rolling Stones en 1995 ou le Download festival. C'est assez bucolique et facile d'accès. AC/DC avait prévu de tourner plus tôt mais il y a eu le Covid. Plus les années passent et plus c'est dur, surtout quand on est chanteur comme Brian Johnson. En plus AC/DC est un groupe exigeant musicalement. La performance vocale est aiguë et à cet âge-là c'est compliqué. À un moment je me suis demandé si on allait les revoir. J'étais déjà ravi de les revoir aux États-Unis. Il manquait Phil Rudd à la batterie mais Matt Laug s'en est bien sorti. Angus était en bonne forme et Brian a eu un peu de mal mais avec la poussière, la chaleur et un système auditif qu'il étrennait, c'était compréhensible. La scène était très belle. Mais ils ne se lancent pas dans une tournée européenne sans être sûr d'eux. L'âge est là et on n'y peut rien.
Le groupe a eu des coups durs. Qu'est-ce qui anime encore ce groupe qui semble loin du star-system ?
C'est Angus Young qui est le moteur. C'est vrai il y a eu le décès Malcom Young puis celui de George Young le mentor, les ennuis judiciaires de Phil Rudd, ou d'audition de Brian Johnson ou encore Axl Rose qui se casse la jambe... Cela a été une suite ininterrompue de catastrophes au niveau du line-up. Mais Angus est encore là. Certains vont dire qu'il est là pour l'argent. Je ne peux pas dire ça, non pas car je suis un fan mais si on y réfléchit bien, entre les tournées, le fait de signer tous les titres d'un album comme Back in Black qui s'est vendu à plus de 50 millions d'exemplaires dans le monde, et les autres albums, on peut penser qu'il est tranquille et sa famille aussi pour plusieurs générations. Le précédent album s'appelait « Rock or Bust », du rock sinon rien. Il veut aller au bout et c'est quelqu'un qui n'a fait que ça de sa vie en fait. L'idée originelle était de tourner avec les membres de l'album Back in Black hormis Malcom. La fin, ils ne l'annonceront jamais, ce n'est pas leur genre. Certains groupes annoncent leur tournée d'adieu à grand renfort de pub mais eux ne le disent pas. Mais il va falloir en profiter car même s'il y avait une tournée ensuite, on sait que l'on est plus proche de la fin que du début. Tant qu'il le peut, Angus montera sur scène. Et pourtant, il court, se roule par terre, monte sur une plateforme... Je le vois comme le dernier baroud d'honneur, il faut en profiter.
Vous sortez le premier livre édité par Rock Hard, « Book in Black ». Il raconte l'histoire de l'album « Back in Black » sorti en 1980. C'est un album charnière dans l'histoire du groupe ?
On retrace la genèse de l'album, de la mort de Bon Scott jusqu'à la fin de la tournée. Nous sommes allés chercher des témoignages et des photos inédits ainsi que plein d'autres surprises. C'est l'histoire d'un groupe qui perd son chanteur et qui en moins d'un an et demi va revenir plus fort avec un album qui est un classique. Il a caracolé en tête des ventes dans le monde entier. J'avais 12 ans à l'époque et dans les cours des lycées et des collèges on ne parlait que d'un seul groupe. Surtout, à l'époque AC/DC faisait beaucoup de concerts en France et ils attiraient déjà beaucoup de monde. L'album est bon, il est gavé de hits avec Back in Black, You shook me all night long, Shoot to thrill, Hells Bells... AC/DC était déjà sur la pente ascendante avec Highway to Hell. Back in Black était un album très attendu et c'est devenu un mythe qui a fait d'AC/DC ce qu'il est aujourd'hui. Même Paris-Match en a parlé. Derrière tout ça, il y a une histoire de renaissance. C'est un conte de fées qui commence de manière morbide et qui se termine en apothéose.
« Book in Black » par Philippe Lageat, Baptiste Brelet et Vanessa Girth. 38 euros. 208 pages. Livre collector tiré à 3 000 exemplaires à commander uniquement sur rockhardshop.fr
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