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Morgan Kervella : "Dionysos a su se renouveler, c'est pour ça qu'il dure"

07h57 - 28 juin 2024 - par Recueillis par Guillaume BONNAURE
Morgan Kervella :
Mathias Malzieu, le chanteur de Dionysos, à gauche, avec Morgan Kervella, l'auteur de ce livre passionnant.

Journaliste et auteur de « Dionysos, la mécanique de l'extraordinaire », Morgan Kervella nous plonge dans les 30 ans de vie d'un groupe mythique de la scène rock française. Dionysos sera à Europavox le 29 juin.

Dionysos a fêté ses 30 ans de carrière. Comment avez-vous réalisé ce livre, sorte de biographie du groupe ?

Depuis Song for Jedi en 2002 je suis passionné par le groupe. J'ai voulu écrire leur histoire pour retrouver ce que j'avais raté sur leurs dix premières années. Depuis je ne les ai jamais quittés et j'ai essayé de suivre l'œuvre de Mathias Malzieu en parallèle, qui est aussi écrivain et cinéaste. C'était mon envie, Dionysos n'avait pas ça en tête, ils étaient sur leur grand projet de L'Extraordinarium. Je voulais faire ce livre avec eux et Mathias a adhéré rapidement. J'ai une centaine d'heures d'enregistrement, une cinquantaine de témoins avec un gros travail de documentation.

Dionysos a traversé de nombreuses épreuves… Mais il est toujours là, soudé.

C'est comme une fratrie, ils ont ce lien qui est celui d'une famille. Avec juste un regard, ils arrivent à se comprendre. Sur scène c'est assez frappant. Ils ont des relations très simples dans le groupe, avec leurs fans ou les médias. Ils ne sont pas du tout satellisés, ils ont toujours gardé ce côté terre à terre car ils viennent tous de province, beaucoup de Valence. J'aime cette simplicité.

On apprend dans le livre que le groupe a de nombreux liens avec l'Auvergne…

Oui. Et la photo de couverture du livre est faite par un Auvergnat, Julien Bruhat et le clip de Song for Jedi avec Matthieu Chedid a été tourné à Clermont. Je parle aussi de Pierre Raynaud, un diplomate qui dirigeait l'institut français de Meknès. Il avait proposé au groupe de venir au Maroc pour créer avant la sortie de « Monsters in Love ». Et grâce à ses liens avec La Coopé, il les a fait venir en Auvergne pour continuer de finaliser l'album au Moulin des Volontaires à Tourzel-Ronzières. C'est quelqu'un qui les a ouverts aussi sur d'autres cultures, d'autres musiques et ils ont voyagé avec lui jusque dans le désert pour rencontrer d'autres musiciens. C'est une rencontre marquante pour eux. À Clermont, Mathias a aussi pété une guitare en mars 2000 avant sa première fracture à Angoulême.

Dans ce livre, on embarque avec Dionysos mais aussi avec la scène française des années 90-2000 ?

On peut parler de compagnonnage entre Louise attaque et Dionysos ou le groupe Dolly qui a compté pour eux. Dionysos n'a jamais oublié d'où il venait et aujourd'hui ils travaillent avec de jeunes groupes. Il y a toujours ce côté artisanal. Ils ont débuté dans leur garage, sans grande formation. Ce sont tous des autodidactes. Ils disent ne pas être de grands musiciens mais sur scène cela envoie !

Mathias Malzieu s'est cassé la jambe au tout début de la tournée… à quoi peut-on s'attendre à Europavox ?

Je n'étais pas inquiet, cela lui est déjà arrivé. Même avec une double fracture, je savais qu'il trouverait les ressources pour remonter très vite sur scène. Il a trouvé ce système avec son fauteuil… Il se lèvera sans doute à Europavox. Le spectacle est superbe, on passe par toutes les émotions avec des moments très rock et d'autres plus calmes, plus acoustiques. On revisite vraiment 30 ans de carrière avec cette pêche et cette complicité, cette fraîcheur. Ils ont gardé cette énergie incroyable, même à 50 ans et en fauteuil roulant. Cela va être un beau concert. Il y aura forcément quelqu'un du public qui aura le privilège de sauter dans la foule pour slamer car Mathias ne peut pas encore le faire (sourires).

Quel est le secret de cette longévité ?

C'est aussi leur hygiène de vie. Il y a beaucoup de références sportives dans le livre. Ils aiment regarder du sport mais ils en font aussi. On est loin du « Sex, drug and rock 'n' roll » même s'ils aiment les bonnes choses de la vie. Ils ont toujours fait du sport, du skate… Cela les a aidés à garder cette énergie. Et ils ont su se renouveler, naviguer dans différents univers et c'est pour ça qu'ils durent. Comme pour un couple, ils ont mis ce piment qui fait que 30 ans après, cela marche encore.

En 2012, Dionysos était déjà à l'affiche d'Europavox avec Shaka Ponk. Comme cette année. À Nîmes ils font aussi un concert commun…

Ils ont le même tourneur. Et quand Shaka Ponk a explosé, au Printemps de Bourges en 2012, Dionysos s'est rendu compte que le public attendait devant la scène pour ce groupe (sourires). Cela les avait marqués mais Shaka Ponk fait partie de ces groupes qu'ils apprécient et ces deux formations partagent cette folie sur scène. Ils donnent tout, quoi qu'il arrive.

Vous parlez aussi de Babet, de son violon et de sa voix. Sans elle, Dionysos ne serait pas Dionysos ?

Sans Babet il n'y a pas de Dionysos même si elle est arrivée après les quatre garçons. Elle a pris de l'ampleur au fil des années et c'est bien plus que la " violoniste de Dionysos ". Elle chante, sait jouer de plusieurs instruments et elle incarne tous les personnages que Mathias a imaginés : les fées, les sorcières, les sirènes… Elle se met aussi dans la peau des personnages et joue avec le public. Dans les groupes que j'ai écoutés il y a les Pixies avec la bassiste Kim Deal, et j'aime ces groupes avec une touche féministe mais un rôle important. C'est un membre majeur d'un groupe qui n'a jamais trop changée. Comme leur équipe technique.

Olivia Ruiz sera aussi à Europavox. Cela reste quelqu'un d'important ?

Oui c'est une belle amitié même si cela a été de l'amour pendant quelques années. Ils ont toujours un lien important, avec le groupe aussi. Il y a des connexions comme Cali, un ami d'Olivia Ruiz qui est devenu proche de Mathias. Olivia est toujours importante pour eux, elle chante d'ailleurs sur le dernier album de Dionysos.

« Dionysos, la mécanique de l'extraordinaire » aux éditions Hors Collection, 18,90 euros.

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