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Julien Pierre : "Quand les Bleus prennent le train c'est surtout un message fort"

16h41 - 10 juillet 2024 - par Recueillis par Guillaume BONNAURE
Julien Pierre :
L'ancien deuxième-ligne de l'ASM et du XV de France a fondé le label Fair Play For Planet. - © Guillaume BONNAURE

L'ancien rugbyman international a fondé en 2020 le label Fair Play For Planet qui permet aux clubs, sites et évènements sportifs d'avoir un fonctionnement plus respectueux de l'environnement et des personnes.

Comment est né Fair Play For Planet ?

C'est vrai que j'ai grandi dans le milieu de la conservation de l'environnement d'un côté puis dans le monde du sport. J'ai un peu lié les deux à la fin de ma carrière. Très tôt on m'a parlé de la protection de l'environnement et des espèces qui disparaissent sur la planète avec un voyage à Sumatra qui m'a marqué quand j'étais joueur à l'ASM. Je me suis dit : "c'est en moi." Puis il y a eu la rencontre avec le Parc animalier d'Auvergne à Ardes-sur-Couze, qui a été mon premier engagement concret avec la création de Play For Nature, la fondation pour la protection de l'environnement, qui soutient une vingtaine d'associations dans le monde. J'avais ça en moi et j'avais besoin de faire quelque chose qui avait du sens. Il n'existait pas d'outil universel pour mesurer l'impact environnemental des clubs et des évènements sportifs.

Concrètement, quand vous intervenez dans un club professionnel comme l'ASM, par exemple, comment vous travaillez ?

Déjà on décide de travailler ensemble ou pas. Nous créons un référentiel avec 18 thèmes et 350 critères qui est un outil d'auto-diagnostic pour ces structures. Une fois qu'ils ont rempli ce référentiel de façon numérique, nous, on analyse, on donne des réponses, on voit s'il y a des choses manquantes pour le diagnostic. Et quand on vient sur site on vérifie, on rencontre les personnes pour échanger et récolter les preuves des dispositifs qui ont pu être mis en place. Et on visite les infrastructures. 15 jours après on renvoie un rapport avec une attribution ou non du label. Au-delà de ça, c'est nous engager dans une démarche de progrès à travers un état des lieux global, avec les points forts et les points faibles puis des recommandations.

Sur quels paramètres un club peut évoluer ?

On peut progresser sur l'éclairage en LED, sur l'utilisation des produits phytosanitaires pour les pelouses, sur l'utilisation des écocup pour les buvettes... Il y a quelques années, au Michelin, le lundi matin, le stade était recouvert de gobelets en plastique et ce n'est plus le cas aujourd'hui. Ces éco-cup ne sont pas changés tous les ans ou trois fois par an ce qui était aussi une fausse bonne idée. Quand un club est propriétaire de son stade comme l'ASM, c'est plus facile. Ils vont passer à un éclairage 100 % LED et ils ont été précurseurs avec Canal + pour tester des matches à 15 heures sans éclairage alors que le cahier des charges imposait un éclairage en journée... L'ASM Omnisports travaille aussi sur le côté inclusion et accessibilité. C'est difficile pour les sportifs de parler de l'environnement quand leur Fédération ne le fait pas et ils sont aussi engagés dans d'autres causes. Mais aujourd'hui cela évolue dans le bon sens.

Vous étiez présent pour parler de votre label au circuit de Charade lors des Tech'Days by GCK. L'hydrogène, cela pourrait être un moyen de réduire son empreinte carbone pour les équipes qui se déplacent ?

Bien sûr, c'est un moyen de réduire ses émissions, ce sont des mobilités douces. Demain on sait que la solution ne sera pas uniquement électrique ou hydrogène, mais peut-être un mélange. Rencontrer des groupes comme GCK permet aussi de comprendre ce qu'il se fait, que le sport automobile s'engage aussi c'est important. Il y a plein de sports qui peuvent être pointés du doigt et à partir du moment où il y a une activité humaine il y a des émissions. Ce qui m'intéresse c'est comment on rentre dans une démarche plus verte et comment le sport peut aider impulser cet élan de transformation ? On le voit déjà sur les sujets sociétaux comme le sport féminin ou l'homophobie. Quelle est la place des équipements sportifs dans un monde à + 4 degrés ou pendant les canicules ? Comment les utiliser et pratiquer son sport ? Ce sont des questions que l'on doit se poser. À + 4 degrés, il y a 66 jours par an où l'on ne pourra pas faire de sport. Quand l'équipe de France de football et Kylian Mbappé prennent le train, quand les équipes voyagent aussi en train pendant le Mondial de rugby 2023, cela réduit notre empreinte mais surtout c'est un message fort, une image qui permet à tout le monde d'aller dans le même sens et de prendre conscience.

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