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JO 2024. Mélina Robert-Michon : "J'avais besoin de cette coupure ici pour redescendre en tension"

11h31 - 22 juillet 2024 - par Guillaume BONNAURE
JO 2024. Mélina Robert-Michon :
Avant de porter le drapeau de la délégation française le vendredi 26 juillet et de participer à ses 7es Jeux olympiques, Mélina Robert-Michon, la lanceuse de disque médaillée d'argent aux JO de Rio en 2016, se préparait au stade des Cézeaux à Aubière - © Guillaume BONNAURE

Mélina Robert-Michon la lanceuse de disque médaillée d'argent aux JO de Rio en 2016, a été élue porte-drapeau de la délégation de l'équipe de France pour les Jeux olympiques de Paris 2024. Elle s'entraînait au Stadium Jean-Pellez à Aubière avant de prendre part à la cérémonie d'ouverture et à ses 7es JO.

Tout d'abord, pourquoi vous vous entraînez à Clermont-Ferrand à quelques jours de l'ouverture des Jeux ?

Nous étions déjà venus l'an dernier pour préparer les championnats du monde à Budapest. On cherchait un peu à bouger de Lyon, là où je m'entraîne habituellement sans avoir trop de trajet. Un endroit où l'on pouvait lancer dans de bonnes conditions, avec des lanceurs comme Yann. C'est bien d'avoir des athlètes qui s'entraînent et à cette période-là, il n'y a plus beaucoup d'endroits où les athlètes s'entraînent. Le cadre nous plaît, ce n'est pas loin, les installations sont bonnes et on sait qu'il n'y a que du lancer donc on n'est pas gênés par du foot ou autre. La salle de musculation est bien, le Stadium est aussi un bel outil pour les perchistes que l'on croise. On est à la fois tranquilles mais avec une belle atmosphère d'entraînement. C'est l'occasion de couper aussi car j'ai eu pas mal de sollicitations la semaine dernière avec cette annonce des porte-drapeaux. Avant de se remettre dans l'entraînement et de refaire deux à trois jours un peu chargés avant de recouper à nouveau car je vais trois jours au village olympique. Puis je retourne à l'INSEP (Institut national du sport, de l'expertise et de la performance) pour la préparation terminale. En plus on vient en famille avec nos deux enfants. C'est le bon compromis ici.

La cérémonie d'ouverture c'est vendredi, vous entrez en lice le 2 août au Stade de France. Comment faites-vous la part des choses après avoir été élue porte-drapeau ?

Je ne réalise pas vraiment mais les jours à Paris pour l'annonce m'ont permis de réaliser un peu. Mais une fois que l'on sera au Village olympique cela va être assez fou. J'avais besoin de cette coupure ici pour redescendre en tension. Car sinon j'aurais laissé un peu trop d'énergie.

Qu'est-ce que cela fait d'être élue par les autres athlètes ?

Je suis d'autant plus fière car on a été élus par nos pairs. On en a discuté avec les porte-drapeaux c'était quelque chose d'important. Cela a encore plus de valeur qu'une décision d'une instance. Ce sont les athlètes qui vont participer qui nous ont choisis. C'est très symbolique.

Vous allez faire vos 7es Jeux olympiques. Qu'est-ce que cela représente pour vous d'être porte-drapeau ?

C'est fort ! C'est symbolique et je me souviens de mes premiers Jeux à Sydney en 2000 où je regardais le porte-drapeau avec des grands yeux (David Douillet N.D.L.R.) et je me disais "ouah". Je n'imaginais pas un jour pouvoir tenir ce rôle car ce sont des gens d'une autre planète dont je ne faisais pas partie. C'est d'autant plus fort.

Avec Florent Manaudou, vous faites un bon binôme ?

C'est bien en plus d'avoir ce binôme, de ne plus se poser la question de choisir un homme ou une femme. Là au moins, c'est un de chaque, il n'y a pas de jaloux. Cela permet de se partager le rôle. Je serai peut-être plus sollicitée en début de semaine car Florent commence la compétition de natation avant moi et il aura plus de temps ensuite. C'est plutôt sympa. J'ai les qualifications le 2 août donc je peux récupérer et profiter de l'instant. Le but c'est d'être là, de partager avec les autres athlètes au Village olympique et de ne pas avoir juste un rôle sur le papier. Cela me tient à cœur. J'espère pouvoir encourager un maximum d'athlètes car on représente l'ensemble des sportifs français engagés dans ces disciplines.

En 1968 à Mexico, Christine Caron avait été la seule porte-drapeau de la délégation. Depuis, il y a eu d'autres sportives féminines.

C'est un sacré honneur de me dire que je suis la première athlète depuis Marie-José Perec (Atlanta 1996 N.D.L.R.) a porté ce drapeau. Car pour moi c'est l'athlète au-dessus de tout, la sportive olympique par excellence. On n'a pas fait beaucoup mieux depuis. C'est d'autant plus fort de succéder à Marie-José Perec.

Vous avez échangé avec les anciens porte-drapeaux ?

Pas encore. Avec Tony (Estanguet, à Pékin en 2008) N.D.L.R.), on s'est vu pour d'autres choses mais il est dans le rush. Je vais pouvoir croiser Clarisse (Agbégnénou) et Samir (Aït Saïd) je l'ai vu il n'y a pas longtemps à l'INSEP aussi (Tous les deux à Tokyo en 2021 N.D.L.R.). On assez peu de repères car on ne sait pas comment cela va se passer la cérémonie. C'est complètement différent. Nous avons essayé de négocier mais on n'a pas eu d'infos (sourires). Cela va être différent de ce que j'ai vécu : rentrer dans un stade et défiler.

Il y a cette médaille d'argent en 2016 à Rio bien sûr mais depuis 2000, quels sont vos souvenirs marquants de ces 6 olympiades ?

J'en ai plein. Les premiers à Sydney c'était la découverte de tout, à l'autre bout du monde en plus. Le stade olympique de Sydney était énorme avec 110 000 spectateurs. C'est peut-être à Athènes où j'ai le moins de bons souvenirs car cela ne s'était pas bien passé. À Pékin j'accède pour la première fois à la finale, j'ai beaucoup aimé avec ce stade, le Nid d'oiseau, qui était magnifique. Londres, en termes d'ambiance, avec un stade magnifique et un public connaisseur c'était top. Ma finale était le soir de la finale de l'Heptathlon et c'est Jessica Ennis qui gagne, l'ambiance était folle. C'est mon meilleur souvenir avec Rio.

Quels sont vos objectifs pour cette olympiade ?

Le but c'est de battre mon record personnel et d'aller chercher une médaille. Je sais que cela ne va pas être simple, le niveau va être très dense mais l'objectif c'est ça : battre mon record et aller le plus loin possible, aller chercher la médaille la plus belle possible.

Avec derrière vous, 80 000 personnes et bien plus encore…

Oui, être dans ce stade avec ma famille et mes proches c'est génial. Car hormis mon compagnon, c'est la première fois que mes deux filles, mes parents, mes frères vont pouvoir venir et découvrir cette ambiance olympique qui guide ma vie depuis plus de vingt ans. Partager cela avec eux cela va être fort.

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