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Stéphane de Groodt : "On embarque le public dans un univers absurde qui interroge"

17h35 - 22 octobre 2024 - par Recueillis par Guillaume BONNAURE
Stéphane de Groodt :
Stéphane De Groodt et Constance Dollé dans Un léger doute (© Fabienne Rappeneau).

Stéphane de Groodt jouera à la salle Animatis d'Issoire le jeudi 14 novembre dans la pièce "Un léger doute". Également auteur de cette pièce, il nous parle de cette comédie captivante qui nous interroge et où l'"Absurdie" est toujours présente.

Une pièce de théâtre sans public, c'est triste... Comment est venue l'idée de cette pièce, votre première en tant qu'auteur ?

Pendant le confinement, je me disais que les comédiens et les comédiennes n'étaient plus grand-chose sans le public pour les voir s'animer. Cela a nourri chez moi cette notion d'exister à travers le regard et la présence de l'autre. Qu'est-ce que l'on devient quand l'autre ne nous regarde plus ? Et dans cette pièce on s'attache au personnage coûte que coûte au point même d'imaginer un public présent pour se donner l'illusion qu'on existe encore. Dans ces deux couples sur scène, il y a trois personnes qui s'accrochent à leur personnage croyant dur comme fer qu'il y a toujours du public dans la salle alors que pour moi on vient de jouer la pièce devant le public et le public est parti. Je ne comprends pas pourquoi eux continuent à jouer alors que je m'apprête à rentrer chez moi. C'est la confrontation entre ma vérité et leur croyance.

Sans tout dévoiler, il y a un certain jeu avec le public ?

Oui et puis qui a raison ? Le public se demande s'il est censé être là ou s'il n'est pas censé être là. Et on joue de ça, de cette forme existentialisme, est-ce que le présent existe ? Il y a plein de questions philosophiques qui viennent balayer cette pièce tout au long de la soirée.

Et comment il réagit ?

Nous avons fait l'avant-première début octobre et les spectateurs sont un peu surpris quand je leur dis qu'ils ne sont pas là et que je dis aux acteurs que je ne comprends pas pourquoi ils veulent jouer alors qu'il n'y a personne. Certains soirs, j'entends des sifflets dans le public. Mais quand ils ont les codes et qu'ils comprennent là où on veut les embarquer, ils se laissent complètement avoir dans cet univers certes absurde mais très tangible malgré tout qui amène à une certaine réflexion. Car ce qui se disent est assez logique et cohérent même dans l'absurde. C'est un jeu, le public part dans cette histoire et c'est assez ludique. Il y a des ruptures en permanence par rapport à 1 000 questions que l'on peut se poser et que je fais poser à mes camarades de scène, sur la vie, ce que l'on est, le pourquoi du comment... C'est une comédie avec beaucoup de questions et de réponses qui nous attendent à chaque fois.

Vous formez un quatuor de choc avec Constance Dollé, Anne Benoit et Pascal Demolon. Parlez-nous de vos complices sur scène ?

La pièce a été travaillée avec Éric Elmosnino et Bérangère McNeese. Ils n'étaient pas libres pour la tournée et j'ai très vite pensé Anne Benoit avec qui j'avais déjà travaillé et que j'espérais retrouver un jour pouvait offrir un personnage magnifique. Et pour composer un couple j'ai pensé à l'un de mes amis, Pascal Demolon. Cela faisait longtemps que l'on voulait travailler ensemble et j'ai imaginé un couple improbable entre Anne et Pascal, ce qui est le cas. Ils sont totalement détonants, complémentaires et en même temps ils forment un couple très drôle. Ils ont le sens de la comédie, le sens du texte. C'est d'autant plus agréable que cela n'a rien à voir avec la pièce jouée à Paris. C'est une autre couleur, c'est presque une autre pièce.

On connaît vos Voyages en absurdie, vos chroniques faites de jeux de mots et de calembours. Quelle a été votre écriture sur cette pièce ?

Dans Un léger doute, il y a quelques jeux de mots mais je les gomme au maximum. Il y a les jeux de mots et jouer avec les mots... Je joue avec le langage plus que les jeux de mots et je garde évidemment mon univers absurde, c'est plutôt celui-là qui l'emporte sur le jeu de mots à proprement parler.

Depuis vos débuts au théâtre, vous jouez avec des actrices de renom. Vous apprenez à leurs côtés ?

Connus ou pas, j'apprends énormément aux côtés de ces acteurs chaque jour. Que ce soit avec Valérie Bonneton et sa manière d'être, son univers ou avec d'autres, chacun vient avec son instrument et c'est comme si vous étiez dans un orchestre et que vous jouiez en fonction de la manière dont l'autre joue. On s'accorde en permanence avec les autres, c'est chaque fois un ingrédient, une couleur différente. Que ce soit Valérie, Isabelle Gélinas ou Bérénice Bejo, ce sont à chaque fois des profils différents. Jouer une autre pièce avec d'autres gens, c'est une autre couleur et j'aime bien cet exercice composé d'humeurs différentes. Cela me cueille, cela me surprend. Cela permet de réinventer en permanence le propos.

À 20 h 30. Tarifs et billets sur www.issoire.notre-billetterie.fr ou directement à Animatis 14 Rue Marcel-Béraud à Issoire. 04 73 89 71 52 et reservations.spectacles@issoire.fr

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