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Chien Noir en concert à Cébazat : "J'ai un problème avec la musique, c'est que je l'aime."

11h23 - 08 novembre 2024 - par Guillaume BONNAURE
Chien Noir en concert à Cébazat :
Chien noir : "Plus on est intime, plus on parle à tout le monde.". - © DR

Le 12 novembre à 18 heures, venez vivre un moment suspendu avec le concert de "Chien noir" au Sémaphore de Cébazat dans le cadre de Sémaphore en chanson. Sa poésie musicale porte Apollo, premier album au sein duquel il se mue en astronaute de la galaxie pop, remontant le temps jusqu'à la variété des années 80 et 90, celle de son enfance. Entretien avec un amoureux de la chanson, de toutes les chansons.

Comment se passe cette tournée avant d'arriver à Cébazat le 12 novembre ?

Je suis ravi de venir car je connais mal la région. C'est une belle tournée, j'en suis très content, on a beaucoup tourné et fait un petit break bienvenu cet été. On a fait des festivals, des petites et grandes salles mais aussi des salles plus raisonnables. Il s'y passe toujours un truc, c'est toujours magique. J'ai deux musiciens formidables avec moi, Mégane et Antoine, et pour cet album je voulais être un peu plus au micro. Après 40 dates ensemble, on se connaît très bien et c'est très agréable.

Vous avez joué dans des endroits propices à mettre encore plus en valeur votre musique et vos textes, peut être sous les étoiles avec votre album Apollo ?

Quand j'ai écrit cet album, j'avais en tête d'avoir un gros son, pour que ça sonne fort, un peu pour des festivals. Mais je voulais juste faire un album moderne, cool et joli. Ce que j'aime bien faire en festival, c'est arrêter tout et passer en guitare voix. C'est l'un de mes moments préférés.

Justement sur des titres comme Le souffle ou Julia, on trouve quelques zestes du groupe Phoenix. Ce sont des titres forts en live ?

C'est un groupe incroyable, j'ai joué avant eux aux Francofolies. J'ai une petite anecdote un peu ridicule : après être allé aux toilettes, je me lavais les mains et je me suis retrouvé à côté du chanteur… je lui ai dit : "bonjour, j'aime beaucoup ce que vous faites" (rires). C'était un moment très amusant. C'est drôle que vous parliez de Phoenix car quand j'étais au conservatoire de Bordeaux, en musiques actuelles, on devait reprendre un répertoire et j'avais mis des chansons du groupe dedans. Le jouer c'est incroyable. Peut-être que je me prends un peu pour eux sur scène mais je n'y suis pas encore.

"En France, il y a une place pour les gens qui chantent en Français. Pour les voix différentes, pour ceux qui ont des choses à dire."

Apollo, c'est un album très personnel. En live c'est encore plus fort de se livrer à un public qui vous connaît et qui vous connaît aussi parfois moins ?

C'est un peu bizarre de se confier autant à des gens que l'on ne connaît pas mais j'ai toujours pris cela comme une forme de catalyseur. Je parle de ma maman et il se passe toujours un truc. J'ai la sensation d'être seul sur scène et je me concentre sur elle. Quand je chante "A quoi pensait-elle ?", tout d'un coup j'ai l'impression de me retrouver seul avec elle. Ce sont des moments qui parfois me dépassent un peu. J'ai appris à accepter ça et ce sont toujours des moments uniques.

En vous écoutant, on a l'impression que les blessures de la vie, vous les transformez en lumière ?

Je souhaite que ces chansons parlent aussi aux gens. J'essaie de ne pas être trop spécifique, c'est ma façon de voir les choses. J'écris beaucoup sur mon intimité mais c'est universel. Il y a toujours un moment où on se retrouve devant son miroir et on se dit que l'on a pris un coup de vieux… Plus on est intime, plus on parle à tout le monde. Dans la chanson "Comme je veux" le refrain c'est "Je veux vivre debout". Dans le monde dans lequel on vit qui est très déshumanisant, se dire que l'on veut être un homme qui marche debout, un vrai humain, cela a une vraie valeur.

Dans cet album, vous collaborez avec d'autres artistes, notamment avec Raphaël sur le titre "Rien à voir". Comment vous avez travaillé avec eux ?

C'est bien d'avoir des featuring car cela partage les publics mais je ne peux pas en faire si je n'ai pas d'affinités avec l'artiste ou que je ne le connais pas. Dans la chanson il y a de l'humain, une forme d'artisanat et cela passe par des liens humains. Avec Clou que je connaissais, je lui ai proposé de chanter avec moi. Puis quand j'ai écrit "Rien à voir", je pensais à Raphaël en me disant que cela pourrait le faire ensemble. J'ai récupéré son numéro, je lui ai envoyé un message : " est-ce que cela te dirait de boire un verre ?" Tout simplement et je lui ai proposé de faire cette chanson. C'était super, c'est un super gars. Il a commencé à chanter dans le micro et quand on entend cette voix unique, c'est dingue.

Cela ne fait pas longtemps que vous êtes sur le devant de la scène. Comment avez-vous percé ?

Je suis fils de vigneron et j'habitais à la campagne, dans un bel endroit mais un peu loin de tout. J'étais heureux mais loin du monde musical surtout. J'ai toujours eu cette envie-là qui vient de ma mère, qui m'a appris le piano mais je n'avais aucune idée sur comment on fait de la musique. J'ai passé un diplôme d'œnologie, j'ai bossé à Ikea pour financer mes études au conservatoire de Bordeaux et après quatre années de travail, je suis entré dans une compagnie de théâtre parisienne dans laquelle je faisais de la guitare et je chantais un peu. J'avais un groupe à côté, mais rien ne marchait vraiment. Ce fut un long processus et alors que j'écrivais en Anglais, je me suis mis à écrire en Français. En France, il y a une place pour les gens qui chantent en Français. Une place pour les voix différentes, pour ceux qui ont des choses à dire. Et c'est super ! J'ai trouvé un éditeur puis un label et cela a commencé comme ça.

Vous citez tellement d'influences différentes. Cela vient d'où ?

J'ai un problème avec la musique, c'est que je l'aime. Et j'aime toutes les musiques. C'est l'expression d'un temps, de communautés, de plein de choses différentes et on ne peut pas rejeter un style de musique. Cela n'a aucun sens. J'ai un côté "geek" qui me pousse à creuser les styles. Quand j'accroche un style je le creuse à fond, je le joue, je l'imite. Cela vient de ma formation studieuse et travailler était ma façon de me légitimer. J'aime ça, la musique des années 80, je suis né dedans, puis j'ai écouté Nirvana, et j'ai aussi un patrimoine radio avec Mylène Farmer, Goldman, Phil Collins… il y a plein de chanteurs formidables et une bonne chanson c'est une bonne chanson.

Billets et infos sur www.semaphore-cebazat.fr

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