La Haine, un peu de love et de tendresse
Le Zénith d'Auvergne accueillera les 7 et 8 février le spectacle « La Haine, jusqu'ici rien n'a changé », conçu par Mathieu Kassovitz comme un prolongement de son film culte. Nous avons pu voir cette « Comédie » musicale à la LDLC Arena à Décines, dans la banlieue de Lyon.
« Jusqu'ici tout va bien... » Le 31 mai 1995, les Français découvrent cette phrase devenue culte et le film La Haine de Mathieu Kassovitz avec Vincent Cassel... Ce film en noir et blanc, véritable photographie de la vie dans les banlieues à l'époque, avec les violences policières et les émeutes qui en découlent, recevra le prix de la meilleure mise en scène au festival de Cannes en 1995.
Trente années après, « rien n'a changé ». Vraiment ? On pourra en débattre. Si c'est le titre de ce spectacle résolument optimiste, on vous laissera juger sur pièce lors de deux dates prévues au Zénith d'Auvergne les 7 et 8 février prochains.
Ils ne sont pas nombreux les films sur les banlieues. Les spectacles encore moins. Alors, le vendredi 15 novembre, nous avons pu assister à l'une des dates lyonnaises, à la LDLC Arena, la toute nouvelle salle de spectacles, installée à Décines dans les quartiers est de la cité des Gones. Le public, familial, multiculturel et jeune, reflétait un peu l'esprit du film mais surtout de ce nouveau spectacle.
L'idée de ce « show » est née au milieu de l'année 2019, lorsque Mathieu Kassovitz, le réalisateur français commence à échanger avec le producteur de spectacles Farid Benlagha Le Hazif.
Frappé par la ressemblance entre l'époque actuelle et celle du film, mais aussi portés par un désir de rendre un hommage puissant à l'explosion du rap depuis 30 ans en France, le duo va alors commencer à réfléchir à un projet plein d'ambitions : donner une seconde vie au film La Haine, mais dans une forme artistique totale.
Mélange des arts
Car ce spectacle est riche. De jeunesse et de cultures d'abord, avec une troupe talentueuse de danseurs, chanteurs et acteurs. Riche aussi de différentes formes d'art dans une œuvre multiforme proposant du théâtre, de la musique, de la danse mais aussi du cinéma s'appuyant sur des nouvelles technologies bluffantes, pour raconter de manière encore plus forte l'histoire de ces trois jeunes de banlieue qui voient leurs vies totalement basculer le temps d'une nuit.
14 tableaux inspirés du film, repensés par Kassovitz, seront diffusés sur un système de projections immersives.
« Tu t'es cru dans une comédie musicale ou quoi ? » demande l'un des héros à son copain... Là aussi on vous laisse découvrir mais on est plus dans ce road movie où Alexander Ferrario alias Vinz, Alivor qui joue Hubert et Samy Belkessa qui endosse le rôle de Saïd traversent les quartiers et les épreuves.
Après trois ans de travail, Farid Benlagha Le Hazif et Mathieu Kassovitz ont donné naissance à une version encore plus moderne de La Haine, épaulés par le metteur en scène de renom Serge Denoncourt.
Les amateurs replongeront dans ce film 30 ans après avec ce spectacle d'1h30 qui offre un regard totalement nouveau sur le film. Ceux qui n'ont pas vu le film ne perdront rien non plus du show porté par une troupe de jeunes en effervescence et où le spectateur peut sembler être réalisateur, avec un regard qui servirait de caméra.
À la fin du spectacle, la salle était debout et il y a tellement à dire sur le fond comme la forme...
Bien sûr, les musiques ont un grand rôle dans ce spectacle qui rend hommage à la force du rap français des années 90 mais aussi des années 2000 : Akhenaton, Oxmo Puccino, Youssoupha mais aussi -M- ou Clara Luciani sont sur la bande originale.
« C'était la seconde fois que je le voyais, je l'ai déjà vu à Paris expliquait, sur scène, le rappeur Médine. Cette comédie est incroyable. La deuxième fois, j'étais plus attentif à regarder les réactions du public mais c'est fou ce que l'équipe a réussi à mettre en scène. Regardez ces visages et cette diversité, c'est ça la France. »
Attirer différents publics
« La Haine, jusqu'ici rien n'a changé » se produira donc sur deux dates à Clermont-Ferrand. « Les gens qui sont nostalgiques du film voudront voir le film, la transformation du film, en théâtre expliquait le producteur Farid Benlagha Le Hazif. C'est notre travail depuis le début de la tournée et c'est notre cœur de cible. Mais nous avons aussi un autre public, plus jeune, issu aussi des quartiers comme on l'a vu à Marseille et dans la commune de Septèmes-les-Vallons qui a des quartiers difficiles. Les jeunes ont adoré donc nous avons un projet qui raisonne avec plusieurs publics à aller chercher dont un qui est directement concerné par ce que l'on fait. Et on veut impliquer les collectivités, que les différentes villes s'engagent dans ce projet qui au delà d'être artistiquement fort est utile. »
Vendredi 7 février à 20 heures et samedi 8 février à 20 h 30. À partir de 25 euros. Billets et infos sur arachnee-concerts.com
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