Fatoumata Diawara : « Il y a beaucoup d'espoir dans ce que je chante »
La chanteuse malienne sera en concert le samedi 15 février à 20 heures à la Coopérative de mai avant de revenir dans les festivals et au Zénith d'Auvergne avec Matthieu Chedid et Lamomali à partir de l'été prochain...
Comment se passe la tournée ?
Cela se passe bien. Ce spectacle, ce sont des rencontres, une sorte de voyage atypique vers mes ancêtres et mes racines, la culture malienne et en représentant les femmes sur scène, un peu engagées. Et une certaine façon sur scène de partager des mélodies et une énergie. On se guérit, on se fait du bien, on s'amuse.
C'est l'album London KO que vous « défendez » et qui est sorti fin 2023. Avec de nombreuses collaborations avec Damon Albarn ou Matthieu Chedid, plus habituelles, qui ont co-produit l'album ?
Oui, ce sont mes frères d'âme. Ils sont là à chaque rendez-vous pour moi. C'est international car ma carrière a commencé dans les pays anglophones avant d'arriver en France. Avec Damon, nous avons un rapport très fraternel, c'est mon frère depuis longtemps. Je collabore aussi avec des artistes américains comme Angie Stone ou africains comme M. anifest, qui vient du Ghana. La musique malienne est un peu plus comme la musique nigériane, et les jeunes utilisent une autre forme de musique, mais avec M. anifest, j'ai réussi à partager mon monde. Il a rappé sur un style musical plus contemporain mais cela s'est fait avec une fluidité extraordinaire. C'est aussi ça le but, faire une recherche musicale, faire des fusions et prendre des risques en faisant de vraies rencontres.
Qu'est-ce qu'ils apportent chacun ?
Ils apportent à cette musique traditionnelle malienne une touche assez particulière, qui permet aux Occidentaux de se familiariser plus facilement. Damon, utilise beaucoup le synthétiseur et adapté à ma musique, cela crée une nouvelle musique. Matthieu est plutôt guitare, rock et blues, avec de belles mélodies. Tout ça mélangé avec ma guitare malienne, cela crée une autre énergie musicale. Cela donne une musique atypique car je chante toujours en Bambara, ma langue de cœur, avec une musique assez moderne.
Dans vos clips, on vous retrouve vêtue de costumes magnifiques. Cela vient d'où et qu'est-ce que cela signifie ?
J'ai fait beaucoup de théâtre avant et aussi du cinéma. Je me souviens que dans chaque création, les costumes étaient très importants. C'est l'une des bases quand tu dois incarner un personnage. Même pour Matthieu Chedid c'est très important, à chaque album il y a un thème et une couleur. Pour Damon Albarn un peu moins et il monte sur scène plus simplement. Je le fais à ma manière, c'est un peu extravagant mais j'aime bien quand la femme prend aussi des risques. Je n'aime pas quand c'est trop épuré. Nous les femmes, on met toujours des choses sobres, noires... et j'ai essayé de créer de la couleur ! C'est osé comme les hommes, comme David Bowie. Cela fait partie du show. On adore créer ces costumes pour la scène.
Vous disiez être « très habillée » mais que vous mettiez « à nu » pour défendre notamment la cause des femmes et les victimes de l'excision ou du mariage forcée ?
J'aime être vraie avec mon public. J'ai la chance de ne pas douter de ce que je fais et cela m'aide de pouvoir me mettre à nu sans réfléchir à ce que les gens vont pouvoir penser en retour. Je fais confiance à mon public et je sais qu'il m'aime beaucoup. Je sais qu'il me comprendra. On partage un moment très intime. Il y a souvent des larmes, je pleure, eux aussi. Mon public se déplace pour venir me voir donc c'est le résultat d'un amour pur car il faut vraiment aimer quelqu'un pour aller le voir. Je sais l'effort que les gens fournissent pour venir au concert. Cela vaut le coup de leur faire confiance et de partager son histoire intime et douloureuse mais aussi pleine d'espoir. Cela me permet d'utiliser ma musique pour sauver les enfants de demain. Il y a beaucoup d'espoir dans ce que je chante. Je leur demande de l'aide pour que l'on puisse sauver ces filles dans le futur, qu'elles ne subissent pas ce que nous, on a subi.
Le projet Lamomali reprend cet été. On imagine que vous allez participer à cette aventure ?
Plus qu'avant oui (sourires) ! On est encore plus proche qu'avant ! Je n'ai pas le choix, je me dois d'être là ! J'ai modifié ma tournée jusqu'au mois de mai pour être présente au début de la tournée Lamomali cet été. J'arrête tout pour repartir avec mes compagnons et avec -M-. C'est mon frère. Je suis la voix féminine du projet, on l'a écrit ensemble, c'est notre projet. Je dois être là pour représenter les femmes et créer ce lien-là entre son style musical et le style malien. Car il y a une adaptation musicale à faire, pour une fusion très douce qui ne soit pas agressive. C'est ce qui crée la magie. Je serai très présente et encore plus engagée. Parlez-en autour de vous, nous arrivons avec beaucoup de force, de bonnes énergies et de vibrations.
www.lacoope.org puis www.arachnee-concerts.com pour la date de Lamomali au Zénith le 3 décembre.
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