« Les gens ont besoin de terrain pour bâtir ! »

Jean-Christophe Pagesse, président de la LCA-FFB (Les Constructeurs et Aménageurs de la Fédération Française du Bâtiment) dans le Puy-de-Dôme, aimerait que les élus permettent la libération des terrains pour construire dans la Métropole.

Président pour le Puy-de-Dôme de Pôle Habitat FFB, à la tête d'une société de construction de maisons individuelles, ce professionnel fait le bilan des six premiers mois de l'année 2021 mais s'inquiète fortement de la rareté des terrains à bâtir.

Quel est le bilan des six premiers mois de l'année 2021 dans le secteur de la construction de maisons individuelle ?

Depuis quelques années, il y a une grande demande, les gens ont envie de construire, d'être propriétaire avec un bout de terrain. La crise sanitaire et le confinement ont accentué cette tendance. Les gens qui vivent en appartement ou qui avaient un projet de construction en tête en attente ont donc franchi le pas. Il faut rappeler que la maison individuelle est le logement préféré des Français et le plus abordable aussi. Seulement, il y a moins de terrains constructibles.

Pour quelles raisons ?

Il y a encore un peu de terrain disponible pour construire mais bientôt plus... La loi Climat et résilience adoptée en mai à l'Assemblée nationale doit limiter l'artificialisation des sols et donc diviser par deux la surface constructible de 2021 à 2030. Cela a un effet pervers car les terrains sont de plus en plus chers sur la Métropole clermontoise et on exclut les foyers les plus modestes de la propriété. Donc les gens s'éloignent de plus en plus de l'agglomération pour construire à 20, 30 ou 40 km de Clermont-Ferrand. Cela augmente la durée du trajet comme la pollution et cela engorge les routes. L'habitat est bloqué car la demande dépasse l'offre.

C'est inéluctable ?

Les élus pourront encore revenir dessus avec le PLUI (Plan Local d'Urbanisme et d'Intercommunalité) mais le terrain coûte cher de toute façon. L'immobilier ancien va coûter aussi plus cher, comme la location d'ailleurs. Il y aura de moins en moins de maisons à louer et 80 % des gens qui vivent en maison individuelle sont propriétaires de leur logement. Ainsi, le flux migratoire des 23-54 ans est négatif sur la métropole et elle vieillit. Les gens quittent la métropole pour le reste du département. Ok, on va faire de la rénovation, ok il y a des aides et c'est très bien au niveau thermique mais cela reste cher et cela ne répond pas à la demande. En plus, si on peut construire du collectif, c'est seulement à Clermont et Chamalières avec la loi Pinel. Le prix médian au m2 de l'habitat collectif c'est 4 000 euros. 80 % des ménages ne peuvent pas dépasser 240 000 euros de budget, hors frais de notaire. Or, avec cette somme vous avez une maison avec terrain.

Vous demandez donc le déblocage des permis de construire ?

Il y a beaucoup de zones qui pourraient l'être, il y a des espaces verts et nous sommes conscients que nous ne pouvons pas construire sur 1 000 m² mais il faut un juste milieu. Les gens ont besoin d'être logés. Sur Clermont-Ferrand c'est compliqué mais sur une commune comme Saint-Genès-Champanelle par exemple ce serait plus facile. Pour les constructeurs, ce n'est pas un souci de construire là-bas. Nous sommes dans le Puy-de-Dôme ! On ne veut pas détruire le paysage mais cela peut être raisonné ! La Métropole perd des jeunes, les gens vont plus loin... Il y a aura une fracture territoriale et sociale dans quelques années. C'est dommage de ne pas trouver de terrain pour ces couples actifs avec enfants. D'autant que les taux de crédits sont bas. Il faut que les élus des 21 communes de la Métropole comprennent que les gens ont besoin de terrain et qu'ils continuent à avoir cette envie de construire. Mais pour cela il ne faut pas supprimer les terrains constructibles destinés à la construction de maisons individuelles.