Clermont-Ferrand ° C
vendredi

Gabrielle Légeret : "Montrer aux jeunes que là où ils habitent, il y a des trésors, une histoire industrielle"

11h59 - 14 novembre 2023 - par Info Clermont Métropole
Gabrielle Légeret :
En classe, les artisans vont faire fabriquer des objets aux élèves en lien avec leur programme scolaire.

L'association "De l'or dans les mains" se développe dans le Puy-de-Dôme. Son objectif ? Inspirer de plus en plus de collégiens et réveiller leur intelligence manuelle. Entretien avec Gabrielle Légeret, la fondatrice.

Comment est née cette association ?

D'un double constat : nous avons des manufactures qui font face à de gros soucis de recrutement faute de transmission et de vocation. La Chambre de Métiers et de l'Artisanat parle de 300 000 entreprises artisanales à reprendre d'ici 10 ans. Beaucoup de dirigeants vont partir à la retraite et on a aussi un système scolaire qui ne valorise plus le travail manuel. Il n'y a aucun temps dans le parcours d'un jeune qui lui permet de se confronter à la matière et au plaisir de faire avec ses mains. La technologie a été supprimée en 6e, on ne va pas dans le bon sens. C'est sur ce constat que j'ai créé De l'or dans les mains en 2021. Notamment car j'ai connu un collège compliqué. Je suis indignée par ce système scolaire qui ne valorise qu'une forme d'intelligence, qu'une seule forme d'apprentissage et ce sont des millions de jeunes qu'on laisse de côté, qui n'ont pas la possibilité de se réaliser et de prendre confiance en eux, de comprendre des exercices de mathématique par la pratique... J'ai essayé de penser à un dispositif qui pouvait s'adresser à des politiques publiques de l'Éducation nationale.

Comment cela se met-il en place ?

De l'or dans les mains propose un programme qui s'appelle "je découvre les métiers manuels" qui est un programme pour créer des liens entre le programme scolaire et la pratique artisanale. Il est composé de plusieurs temps forts : des temps en classe où nous transmettons les outils pédagogiques aux enseignants pour qu'ils puissent leur faire faire des exercices de leur programme scolaire mais en lien avec l'artisanat. Et des temps dans l'établissement scolaire avec les artisans qui vont faire fabriquer des objets aux jeunes ou leur faire expérimenter un geste en lien avec leur programme scolaire : un céramiste va aborder la terre en lien avec le programme de SVT, un menuisier va faire fabriquer un nichoir en bois aux jeunes grâce au programme de géométrie... C'est destiné aux collèges et surtout aux classes de 5e. Ce sont 3 demi-journées sur l'année. L'idée, c'est de montrer aux jeunes que là où ils habitent, il y a des trésors. Réussir, ce n'est pas forcément aller dans une grande ville c'est aussi prendre conscience que sur son territoire il y a une histoire industrielle. Leur faire comprendre qu'ils peuvent être fiers de l'endroit où ils grandissent car l'artisanat et le savoir-faire y sont riches. On travaille main dans la main avec les CMA, les meilleurs ouvriers de France, les artisans, les campus d'excellence... C'est un maillage que l'on essaye de mettre en place.

Vous sentez une envie de la part de ces jeunes ?

Oui. Le chantier est immense car 65 % de nos jeunes ne connaissaient aucun des métiers qui leur étaient présentés en amont du parcours. Cela veut dire que ces métiers ne font plus partie de l'imaginaire collectif de la nouvelle génération. En revanche dès qu'on leur montre comment entrer dans le geste, il y a un vrai engouement. On sera content d'avoir suscité des vocations et d'avoir valorisé l'intelligence de la main au sein des établissements scolaires. Il y a un travail pour changer l'école et l'image qu'ont les élèves d'eux-mêmes. S'ils ne se reconnaissent pas dans le format académique mais qu'avec De l'or dans les mains ils peuvent se révéler car ils ont fabriqué de beaux objets, vous avez créé quelque chose d'extraordinaire chez l'élève. Il prend confiance en lui. C'est un cadeau que vous lui faites pour la vie.

Ce dispositif arrive dans le Puy-de-Dôme ?

L'association est dans six Régions, on se développe cette année dans l'académie de Clermont-Ferrand grâce au soutien de la Fondation Michelin. On propose notre dispositif aux collèges de Clermont-Ferrand et des alentours. Cela concerne 1 000 jeunes sur le secteur clermontois, nous travaillons avec le Rectorat pour démarcher les établissements scolaires et les enseignants peuvent postuler sur le site de l'association. On recherche des artisans, ils sont rémunérés et c'est gratuit pour les établissements scolaires.

www.delordanslesmains.com. contact@delordanslesmains.com

0 commentaires
Envoyer un commentaire