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Jean-Christophe Pagesse : « Les taux ont baissé, on peut emprunter plus pour son projet »

10h26 - 31 mai 2024 - par Info Clermont Métropole
Jean-Christophe Pagesse : « Les taux ont baissé, on peut emprunter plus pour son projet »
"Les taux ont baissé. Les gens doivent faire les démarches s'ils ont un projet car l'enveloppe est plus grosse qu'il y a quelques mois". - © ©Romolo Tavani - stock.adobe.com

Jean-Christophe Pagesse est Président départemental du pôle Habitat de la Fédération Française du Bâtiment (FFB). Il fait un point avec nous sur le regain d'activité de la construction neuve même s'il y a toujours des freins.

Est-ce qu'il y a un rebond dans la construction de maison individuelle ?

On sent une demande accrue depuis deux ou trois mois. Les gens ont de nouveau envie de se renseigner pour leurs projets. Cela prouve que les gens ont toujours envie de faire construire. C'est vrai qu'il y a eu une chute : sur le logement neuf commencé, fin mars, nous sommes à moins 19 % par rapport à l'an dernier. S'il y a une pause, ce n'est pas parce que les gens n'avaient plus envie de faire construire de maison, c'est que les taux avaient beaucoup augmenté, comme le prix des matériaux. Mais l'envie est toujours là, et selon une étude, plus de 76 % des Français souhaitent habiter dans une maison individuelle avec un petit bout de terrain. Les taux ont baissé. Les gens doivent faire les démarches s'ils ont un projet car l'enveloppe est plus grosse qu'il y a quelques mois. On peut emprunter plus. Cela donne plus confiance aux clients.

Localement cela se traduit comment ?

De toute façon on sait qu'il manque du logement neuf sur le Puy-de-Dôme et sur les communes de Clermont Métropole. Il faut que nos élus locaux et nationaux prennent cela en compte car les gens ont besoin de se loger. Et ce n'est pas la rénovation seule qui va créer du logement. Cela les améliore mais c'est loin d'être suffisant.

Pourtant, quand on regarde la ville on pourrait se dire que cela construit beaucoup...

C'est vrai qu'il y a des grues mais ce sont des logements qui sont en cours de construction mais qui ont été vendus il y a plusieurs années. Aujourd'hui, les promoteurs ne vendent absolument plus rien. Notamment à cause des normes qui sont de plus en plus complexes. Il y a de grands projets sur la Métropole, donc le logement neuf est indispensable pour accueillir les gens. Ce qui freine aussi l'activité c'est le Zéro Artificialisation Nette (ZAN), qui stipule qu'il faut diviser par 2 la surface artificielle dans les 10 prochaines années par rapport aux précédentes. Il y a des endroits où des entreprises ont voulu créer des usines mais pour cela il fallait aussi créer des logements pour pouvoir loger les salariés. Mais avec le ZAN, on pouvait construire l'usine mais pas le logement ce qui est incroyable. Donc les entreprises sont parties ailleurs. Cela s'est passé plusieurs fois en France. Si on veut réindustrialiser la France il faut aussi construire des logements autour. Avec le ZAN, on parle de construction individuelle mais aussi de logements collectifs et sociaux, d'usines, d'écoles ou d'hôpitaux. Avec ce ZAN on arbitre des choix de construction alors que non, il faut tous ces éléments. Nous sommes tous conscients de l'importance de préserver les sols. D'ailleurs, sans loi, l'effet naturel a fait que sur les 10 dernières années, l'artificialisation des sols a été divisée par quatre.

Cette loi est mal faite ?

Elle est très rigide dans sa conception. Cela bloque beaucoup de projets. Sachant qu'en France, nous sommes le seul pays au monde à faire le ZAN. Avec la Suède mais c'est pour protéger l'Arc Polaire. Nous sommes les seuls alors que nous sommes 3 à 4 fois moins artificialisés que nos pays voisins. On crée nous-mêmes nos soucis même s'il est important de faire attention à nos terres mais aujourd'hui on construit sur 400 ou 500 m2 et plus sur 1 000 ou 2 000 m2. Donc on réduit automatiquement. Avec le ZAN, sur une parcelle de 500 m2, on construit une maison de 100 m2 donc on se dit il y a 100 m2 d'artificialisés, c'est logique. Et non, dans la loi on dit qu'il y en a 500 mètres. Alors qu'il y aura du gazon, des arbres et arbustes, des fleurs pour la biodiversité. Ce n'est pas tenu en compte. Il ne faut pas trop bloquer car ce sont nos concitoyens qui en pâtissent. Même en 2018 ou 2019, années fastes de la construction, il manquait des logements... Donc on sera encore très loin de répondre aux besoins et les biens seront encore plus rares et chers. Même en location... Pour une bonne politique du logement, il faut une construction de maison individuelle, collective et faire de la rénovation d'ampleur. S'il manque un de ces trois piliers, le logement s'effondre. Même sur les logements sociaux c'est compliqué.

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