Marion Rousse : "être présentes dans 100 ans, c'est notre priorité"
Marion Rousse, la directrice du Tour de France féminin, qui partira le 23 juillet de la Place de Jaude, était présente à Clermont-Ferrand lors du jour de repos, le lundi 10 juillet. Elle est revenue sur l'évolution du cyclisme féminin et sur cette épreuve.
Le Tour de France féminin partira de Clermont-Ferrand le 23 juillet. La Ville voulait absolument les 2 Tours cette année…
On est ravi de travailler avec la Ville de Clermont-Ferrand car il y a un vrai savoir-faire ici. Le vélo n'a plus beaucoup de secret pour les gens qui habitent là. On parle le même langage, ce sont des amoureux du sport et c'était très important pour nous. C'est très intéressant que le Tour de France parte d'un massif montagneux car cela est synonyme de parcours accidenté dès la première étape et on peut rentrer dans le vif du sujet.
Un Tour qui part de Clermont pour finir au col du Tourmalet en plus ?
Oui on prend de la hauteur pour cette deuxième édition du Tour de France femmes avec Zwift. On voulait s'installer un peu plus dans l'Histoire et ce qui fait la légende du Tour de France, ce sont les passages mythiques comme le Tourmalet. Les concurrentes auront envie d'inscrire cette étape à leur palmarès. Il y aura le col d'Aspin à gravir avant d'en arriver là. Il y aura des petits clins d'œil au Tour hommes comme l'an dernier avec l'arrivée à La Super Planche des belles filles. Cette année ce sont aux hommes d'arriver au Markstein Fellering (arrivée de la 20e étape du Tour masculin).
Est-ce que le Tour de France féminin, qui a connu des moments compliqués, est enfin lancé sur une bonne dynamique pour le futur ?
C'est notre priorité : être encore présentes dans 100 ans. Il y a eu des versions avant ce Tour de France féminin avec Zwift comme la grande Boucle et cela s'est arrêté car ce n'était pas le bon format sûrement. Le Tour avec Zwift est arrivé à un bon moment où le Tour de France féminin s'est beaucoup développé et notre course est là pour l'accompagner. Il ne faut pas aller trop vite par rapport à l'évolution du cyclisme féminin, ce serait ridicule, on mettrait peut-être la clé sous la porte. Il faut y aller petit à petit mais ce que l'on a réussi à faire dès la première édition, de se faire accepter et adopter par le grand public c'était notre priorité. La caisse de résonance tu ne peux la trouver que sur le Tour. 190 pays dans le monde, cela ne s'est jamais vu pour du cyclisme féminin avec 2 h 30 de cyclisme par jour. On avait besoin d'exposition et besoin des médias, de la télé mais aussi de la presse écrite. Pour cette 2e édition on a gardé les mêmes codes.
"Il ne faut pas aller trop vite par rapport à l'évolution du cyclisme féminin, ce serait ridicule"
Le format de ce Tour pourrait aller au delà d'une semaine ?
On reste prudent car on n'a pas envie de faire de bêtise et le regretter plus tard. Ce serait une catastrophe. Pour le moment, une course d'une semaine colle parfaitement à ce que les filles désirent faire. On pourrait courir plus longtemps, ces sportives en ont les capacités mais les équipes ne sont pas assez fournies. Chez les hommes, ils sont 30 par équipe. Les femmes sont 12 ou 13 à être payées.
Le but c'est aussi de susciter des vocations chez les jeunes filles ?
Le fait d'avoir ce Tour de France femmes, cela change beaucoup de choses en légitimité sportive et médiatique avec 180 pays concernés et 2,2 millions de téléspectateurs par jour en moyenne. On a envie que les gens, quand ils allument leur télé, ce ne soit pas juste une curiosité mais une normalité. Les petites filles que j'ai croisées au bord de la route et qui étaient nombreuses, elles vont pouvoir rêver et s'identifier à des visages connus.
En 2024 le Tour de France féminin partira de Rotterdam le 12 août pour arriver le 18 août. Pourquoi ce choix ?
Il y a les JO 2024 à Paris, et on voulait rester dans les vacances des gens car c'est un évènement populaire. On va essayer les années de Jeux olympiques de rester sur cette période du mois d'août. Le cyclisme féminin néerlandais est l'un des meilleurs au monde. Il y a des favorites comme Annemiek van Vleuten qui va raccrocher à la fin de l'année mais aussi Demi Vollering. Mais j'ai vu aussi une Juliette Labous très en forme sur le dernier Giro (Tour d'Italie).
En tant qu'ancienne coureuse et consultante aujourd'hui pour France Télévisions, il vous plaît ce Tour de France masculin ?
Il est super, on ne pouvait pas rêver mieux et il y a bien sûr deux garçons qui sortent du lot mais ils sont au même niveau. Au commentaire je me régale. Les neuf premiers jours ont été difficiles avec le départ de Bilbao. Il y a un gouffre entre les deux leaders et le reste du peloton qui joue la place sur le podium. On a vu une super étape avec l'arrivée au sommet du puy-de-Dôme. Le tracé est difficile et les coureurs en font un peu ce qu'ils veulent. Ça roule très vite et la journée de repos était bienvenue. La 3e semaine sera sûrement encore plus difficile avec les Alpes.
Recueillis par Guillaume Bonnaure.
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